Les Fjords et glaciers de la Patagonie

Qu'est ce qu'un fjord ?

Un fjord ou fiord (mot norvégien, prononcé comme fiourde ou fiour) est une vallée glaciaire très profonde, habituellement étroite et aux côtes escarpées, se prolongeant en dessous du niveau de la mer et remplie d’eau salée.

On appelle souvent la Norvège le « pays des fjords », car ils y sont extrêmement nombreux et spectaculaires. Le plus long d’entre eux est le Sognefjord. Le fjord Geirangerfjord est également très connu des touristes.

L’eau présente dans les fjords est généralement saumâtre. Il s’agit d’un mélange entre l’eau salée provenant de la mer et l’eau douce, principalement issue des torrents et de la fonte des neiges. Ces dernières ayant des taux de salinité et des températures très différentes, elles se mélangent peu, l’eau douce restant à la surface grâce à sa densité plus faible.

L’archipel français des îles Kerguelen comporte également un nombre important de fjords.

On trouve aussi des fjords en Islande, au Groenland, en Suède, en Alaska, en Nouvelle-Zélande, au Canada et au Chili (Patagonie).

Qu’est ce qu’une vallée glacière ?

Une vallée glaciaire est une forme de relief caractéristique des régions de montagnes qui ont été affectées par une glaciation régionale. Elles résultent de l’écoulement en bloc des glaciers, emplissant tout le fond de la vallée et l’érodant par surcreusement. Dans la plupart des cas, les vallées glaciaires correspondent à des héritages des glaciations pléistocènes où de puissants courants de glace en provenance des hautes montagnes ont utilisé ces axes préexistants pour se diriger vers les vastes plaines.

Qu’est ce qu’un glacier ?

L’ensemble des glaciers représente environ 75 % des réserves d’eau douce de la planète. DEn ce début de XXIe s., alors que le fragile équilibre thermique de la Terre paraît menacé, il convient d’être attentif à l’évolution des glaciers.

Leur existence étant conditionnée par des données thermiques rigoureuses, les glaciers sont cantonnés dans les régions polaires ou localisés dans les massifs montagneux les plus élevés. La diagenèse, ou transformation de la neige en glace par expulsion de l’air qu’elle contient, n’est possible que si l’alimentation neigeuse excède l’ablation (par fusion ou sublimation). Cette condition n’est réalisée qu’au-dessus de la limite des neiges persistantes, qui s’élève des régions polaires (où elle se tient au voisinage de la mer) vers les régions chaudes (où elle culmine à 6 000 m sous les tropiques). Un glacier, masse de glace continentale en mouvement, se constitue par accumulation de neige en hiver. Celle-ci, ne parvenant pas à fondre d’une année sur l’autre, se transforme peu à peu en névé, puis en glace. Quand cette dernière atteint plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur (par exemple, 40 m sur une pente de 7°), sa base devient plastique. Soumise à l’action conjuguée de la pesanteur et de la pression (d’autant plus forte que l’épaisseur de la glace accumulée en amont est importante), elle se met à fluer, descendant les pentes ou se répandant dans toutes les directions.

L’image typique des glaciers de montagne est celle de fleuves de glace (par exemple, la mer de Glace, dans le massif du Mont-Blanc), d’autant plus développés que les montagnes sont fortement enneigées en hiver et fraîches en été. Leur existence dépend de l’altitude à laquelle s’accumulent les neiges permanentes : basse vers les pôles (moins de 1 000 m en Islande), très élevée sous les tropiques (plus de 5 000 m dans l’Himalaya et les Andes), intermédiaire dans les zones tempérées (entre 2 700 et 3 000 m dans les Alpes).

Typologie des glaciers

Suivant leur configuration et leur volume, on distingue trois types de glaciers :

les glaciers d’inlandsis (représentant près de 99 % des surfaces englacées), qui sont des calottes de grande épaisseur (2 000 m en moyenne) recouvrant d’immenses surfaces (environ 15 millions de km2 pour l’Antarctique, plus de 1 700 000 km2 pour le Groenland), d’où n’émergent que quelques amas rocheux, les nunataks ;

les glaciers de vallée, situés en aval des névés, qui sont étroitement dépendants des reliefs dans lesquels ils se logent ; la longueur de tels appareils n’excède pas quelques dizaines de kilomètres (27 km pour le glacier d’Aletsch dans les Alpes, près de 80 km pour celui de Fedtchenko dans le Pamir, 120 km pour celui d’Hubbard en Alaska, sans doute le plus long fleuve de glace du monde) ;

les glaciers de piémont, qui s’étalent largement en lobe au sortir d’un massif montagneux (comme en Alaska).

Vitesse d’un glacier

Un glacier commence à se déformer et est donc capable d’avancer en acquérant une certaine plasticité lorsqu’il dépasse cinquante mètres d’épaisseur. C’est aussi pour cette raison que la surface des glaciers est couverte de séracs et de crevasses : la couche supérieure correspondant aux cinquante premiers mètres du glacier ne se déforme pas mais casse.

Un glacier avance, se déplace à cause de la gravité ou se déforme, flue à cause de son propre poids. La vitesse et la direction du déplacement sont fonction de la topographie, de la température du glacier, de sa teneur en air, de la quantité d’eau liquide qu’il contient, de la quantité et de la nature des matériaux rocheux qu’il transporte, de sa réaction face à la rencontre avec d’autres glaciers,…

En général, plus la pente est forte et régulière, le glacier lourd, ayant une température élevée et contenant de l’eau liquide, de l’air et peu de grosses roches, plus il ira vite et réciproquement.

Le fait qu’un glacier soit recouvert ou non d’une couche de débris rocheux peut influencer sa vitesse d’écoulement par le biais des eaux de fonte. Ces eaux de fonte, en s’écoulant entre le glacier et les parois rocheuses, lubrifient la glace qui glisse mieux contre la roche. En comportant des débris rocheux à sa surface, un glacier s’isole des rayonnements solaires et des températures atmosphériques, diminuant par là-même la fonte de la glace à sa surface. Disposant de moins d’eau liquide, le glacier avance moins vite que si sa glace était découverte.

La vitesse d’écoulement n’est pas la même en tout point d’un glacier. Elle varie selon la distance avec les parois et selon qu’on se trouve en zone d’accumulation, de transport ou d’ablation. Plus la glace est proche des parois latérales, plus sa vitesse est réduite. Dans la zone d’accumulation et de transport, la vitesse est généralement maximale dans les profondeurs du glacier, tandis qu’elle l’est à la surface du glacier dans la zone d’ablation. Cette vitesse différentielle fait que le litage des couches de neige est horizontal dans la zone d’accumulation, puis devient vertical dans la zone de transport pour redevenir horizontal dans la zone d’ablation.

Les vitesses d’écoulement d’un glacier sont très variables. La vitesse moyenne pour un glacier classique est de l’ordre de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres par jour.

Certains glaciers (glaciers suspendus ou glaciers dits « morts ») ont une vitesse d’écoulement quasiment proche de zéro. D’autres glaciers comme les courants glaciaires peuvent avancer de plusieurs dizaines de mètres par jour. Ainsi, un glacier de Groenland, le Kangerdlugssuaq (ou Kangerlussuaq situé au sud de Nuuk) a multiplié sa vitesse par trois entre 1996 et 2005 et atteint à cette date de plus de quatorze kilomètres par an soit une moyenne de quarante mètres par jour.

Recul et avancée glaciaire

Le front d’un glacier peut être amené à avancer ou à reculer dans une vallée. Ces mouvements sont le résultat d’un déséquilibre entre apport de neige et fonte : lorsque le bilan hydrique annuel est négatif, le glacier entre dans une phase de recul et réciproquement.

Il faut rappeler que quand on parle d’un recul glaciaire, ce n’est pas le glacier qui recule, la glace continuant d’avancer vers le bas de la vallée, c’est la position du front glaciaire qui se déplace vers le haut de la vallée.

Si l’apport de neige, et par conséquent de glace, est plus important que la fonte du front glaciaire, le glacier progressera dans la vallée. Ceci peut être provoqué par un refroidissement climatique et/ou une augmentation des précipitations. Les effets inverses seront à l’origine d’un retrait glaciaire.

À noter que pour le cas de l’Antarctique : de pareils phénomènes existent, les élévations de la température dans ces secteurs très froids se révélant favorables à une augmentation des précipitations neigeuses donc à terme, à une augmentation des volumes de glace.

Les conséquences d’un retrait ou d’une avancée glaciaire dans la morphologie d’un glacier peuvent être spectaculaires et radicales : dans le cas d’un retrait glaciaire, la surface du glacier devient concave (en creux) dans la largeur et dans la longueur, sa surface se couvre de bédières, de moulins et d’une moraine de surface qui peut le recouvrir entièrement sous plusieurs mètres de matériaux, les zones d’accumulation et de transport peuvent diminuer en taille au profit de la zone d’ablation, le front glaciaire peut se diviser en digitations dans le cas d’un glacier de piémont ;

Dans le cas d’une avancée glaciaire, la surface devient convexe (en bosse) dans la longueur et la largeur, la glace en surface reste apparente car n’ayant pas le temps de se couvrir de débris, la zone d’ablation diminue au profit des zones d’accumulation et de transport, le front glaciaire se transforme en lobe glaciaire dans le cas d’un glacier de piémont.

Certaines progressions d’un glacier sont révélatrices d’une « mauvaise santé » du glacier et s’apparentent plus à un suicide qu’à une croissance. Il s’agit des surgés glaciaires.

La plupart des glaciers alpins à travers le monde sont aujourd’hui dans une phase de retrait rapide.

Quelques glaciers célèbres de la Patagonie

Glacier Perito Moreno ( Parque Nacional de Los Glaciares, Argentine)

Le glacier Perito Moreno, de 5 000 m de front et 60 m de hauteur, situé dans le parc national Los Glaciares de la province de Santa Cruz, Argentine. Situé à 78 km d’El Calafate, c’est l’un des plus célèbres de la Patagonie argentine.

Avec une surface de 250 km2 et une longueur de 30 km, c’est l’un des 48 glaciers alimentés par le Champ de glace sud de Patagonie, dans la Cordillère des Andes, que l’Argentine partage avec le Chili. Ce champ de glace est la troisième plus grande réserve d’eau douce au monde.

Le front du glacier fait approximativement 5 000 m de long, la hauteur de glace est de 170 m, dont 60 m sont émergés. Il avance d’environ deux mètres par jour (700 m par an). À certains endroits son épaisseur atteint 700 m.

Le glacier Perito Moreno est l’un des trois seuls glaciers de Patagonie qui n’est pas en régression. À la différence d’autres glaciers caractérisés par les effondrements de leurs murs, le Perito Moreno détache des immenses blocs de glace. À n’importe quelle époque de l’année, les effondrements constants de ses murs glacés surprennent.

Glacier Upsala (Parque Nacional de Los Glaciares, Argentine)

Le glacier Upsala est un grand glacier qui couvre une vallée alimentée par plusieurs glaciers dans le parc national des glaciers en Argentine. Ses champs de glace couvre une superficie de 870Km2. Le glacier possède une longueur de 60km. A ce titre, c’est le deuxième plus grand glacier d’Amérique du Sud après le Pio XI. Ses parois mesurent entre 60 et 80 mètres de haut.

Le champ de glace sud est à l’origine de ce glacier tout comme son voisin le glacier Perito Moreno. Le glacier Upsala se voit en rétrocession, ce qui peut-être une conséquence du réchauffement climatique.

Glacier Spegazzini (Parque Nacional Los Glaciares, Argentine)

Le glacier Spegazzini est un des plus importants glaciers du parc national Los Glaciares, situé dans le département de Santa Cruz en Argentine et dans les provinces de Ultima esperanza et Magallanes au Chili.

Sa caractéristique principale est la grande hauteur de sa face qui mesure environ 135 mètres, qui le classe comme étant le glacier le plus haut du parc national Los Glaciaires. Il compte une superficie de 66 km2 et une largeur d’environ 1,5 km. Le glacier est alimenté par les glaciers Mayo Nord et Peineta. De plus, ce glacier ne présente aucun de signe de recul.

Le Glacier Pio XI (Chili)

Le Glacier Pío XI, connu aussi sous le nom de Glacier Brüggen, se situe au sud du Chili, dans la région de Magallanes. Il fait partie de l’ensemble des glaciers qui composent le champ de glace Sud (Campo del hielo Sur) étant le plus grand de tous avec ses 1265 km2 de surface et 64 km de large le plaçant également comme étant le glacier le plus large de l’hémisphère sud en dehors de l’Antarctique.

A la différence de nombreux glaciers, Pio XI avance depuis ces dernières décennies.

D’autres glaciers :
Bernardo (536km2)
Grey (270km2)
Jorge Mont (464km2)
O’Higgins (820km2)
San Rafael (760km2)
Tyndall (331km2)

Le champ de glace Sud (région Aysen, Magallanes au Chili et Santa Cruz Argentine)

Le Campo de Hielo Sur (ou aussi Campo de Hielo Patagónico Sur) est une immense calotte glaciaire située en Patagonie. Il se trouve sur la cordillère des Andes méridionale, à la frontière entre le Chili et l’Argentine.

Ce glacier possède une longueur de 350 kilomètres et se situe entre les latitudes 48º20’ et 51º30’ S. Il a une superficie de près de 16 800 km2, dont 14 200 kilomètres carrés se situe en territoire chilien et le reste, 2 600 km2, en territoire argentin. Il s’agit de la troisième calotte glaciaire au monde après l’Antarctique et le Groenland.

Le Campo de Hielo Sur constitue la réserve d’eau douce la plus importante d’Amérique du Sud.

Les premières explorations du lieu sont lancées en 1943 par le gouvernement chilien qui photographie le glacier avec un avion militaire. Des chercheurs comme Federico Reichert et Alberto De Agostini ont aussi traversé ce glacier. Toutefois de nos jours, il reste de nombreuses parties des glaciers non explorées.

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