Les cétacés en Antarctique

Baleines, dauphins et marsouins font partie d’une même famille, celle des cétacés. A mi-chemin entre poissons et mammifères marins, ils ont la particularité de vivre entièrement dans l’eau mais respirent de l’air. Les baleines inhalent avant de plonger (alors que les phoques font l’inverse). L’oxygène est alors comprimé dans leurs poumons de telle sorte qu’elles puissent se maintenir sous l’eau.

Leur système respiratoire est extrêmement efficace. Elles sont capables d’échanger 85% de l’air contenu dans leurs poumons à chaque inspiration. Chez l’humain, cet échange ne se réalise qu’à hauteur de 15 à 20%.

Il existe deux types de cétacés : ceux disposant de dents et ceux n’en ayant pas.

Les premiers regroupent les dauphins, les orques et les grands cachalots.
Leur alimentation est variée et se compose de calmars, poissons, oiseaux, phoques et même d’autres baleines. Un système de sonar leur permet de localiser et capturer leurs proies à de grandes profondeurs et dans des eaux sombres.

Les baleines à fanons constituent le second groupe. Elles se nourrissent du zooplancton de l’océan qu’elles filtrent à l’aide de longs « poils » se chevauchant et pendant de leur palais, les fanons.

Elles évoluent souvent en surface de l’eau où elles trouvent à disposition leur nourriture. Elles emmagasinent ainsi le poids qui leur sera nécessaire pour migrer en hiver vers des latitudes plus douces où elles se reproduiront. Une fois né, le petit, grâce à l’allaitement extrêmement riche de sa mère, croit rapidement. Chez la baleine bleue, il gagne 4,5 kg par heure !

Beaucoup de cétacés en voie d’extinction, suite à leur exploitation abusive par les baleiniers, sont aujourd’hui protégés par des quotas édictés par la Commission Baleinière Internationale (CBI).

Cet organisme fut créé au sortir de la Seconde Guerre Mondiale pour réglementer la pêche des cétacés. Elle s’appuie pour cela sur la Convention internationale pour la régulation de la chasse à la baleine et aux grands cétacés adoptée en 1946. Aujourd’hui 81 pays en sont membres, dont la France depuis son origine.

En outre, le sort des cétacés est étroitement surveillé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN). Il s’agit d’une ONG internationale consacrée à la protection de l’environnement.

Elle influence et encourage les États du monde entier à la préservation des ressources naturelles. L’IUCN a établi une liste rouge des espèces menacées d’extinction à travers le monde.

La baleine franche ou baleine australe

Cette grande baleine est un cétacé très lent. Son corps est si riche en huile qu’il flotte même après le décès de l’animal. Ces deux raisons en ont fait une espèce très convoitée par les baleiniers. La baleine australe était en voie d’extinction au XIX ème siècle.
C’est aujourd’hui une espèce totalement protégée dont les effectifs se reconstituent peu à peu.

Elle mesure une quinzaine de mètres et pèse environ 55 tonnes. Elle est reconnaissable à sa couleur noire et aux crustacés fixés sur les callosités de sa gueule.
Son jet, en forme de large V dans les airs, est généré par deux évents situés au dessus de sa tête. Sa queue noire, à la profonde échancrure et aux extrémités très pointues, est un autre élément permettant de l’identifier lorsqu’elle plonge.

La famille des rorquals

Le rorqual se distingue des autres baleines par la présence de sillons ventraux sous sa gorge (depuis la lèvre inférieure jusqu’à la face ventrale). À la manière d’un accordéon, ceux-ci se dilatent puis se contractent.

Ils facilitent ainsi l’absorption d’une grande quantité d’eau lorsque le rorqual s’alimente. C’est cette spécificité qui confère au cétacé son appellation, « röyrkval » signifiant « baleine à sillons » en norvégien.

De forme plutôt longiligne, les rorquals peuvent atteindre une vélocité de 30 km/h, parfois 50 km/h sur de courtes distances. 5 espèces évoluent en Antarctique, dont 4 appartiennent au même genre et sont difficilement reconnaissables les uns des autres : la baleine bleue, le rorqual commun, le rorqual boréal et la baleine de Minke.

La baleine bleue

C’est le plus grand des cétacés et en réalité le plus gros animal ayant existé sur notre planète. Elle peut mesurer plus de 30 mètres et peser entre 80 et 130 tonnes (voire 180 tonnes).
Durant l’été, elle gagne les eaux antarctiques pour se nourrir ; elle consomme environ 8 tonnes de krill par jour. Lorsque la baleine bleue respire, son jet impressionnant, de 9 à 12 mètres de haut, peut être vu de loin par beau temps. Elle plonge le plus fréquemment de 5 à 15 minutes, jusqu’à 30, pour se nourrir. Son seul prédateur est l’orque et son espérance de vie est estimée à 80 ans par les scientifiques.

La femelle donne naissance à un petit en moyenne tous les 2 à 3 ans. La gestation s’étend sur 10 à 12 mois.

L’accouchement se réalise dans les eaux chaudes tempérées : les bébés baleine ne disposent pas de protection thermique aussi efficace que celle de l’adulte pour naitre dans les eaux froides australes.

Surexploitée, elle existe aujourd’hui en nombre réduit. Elle figure sur la liste rouge de l’IUCN. Avant l’interdiction de la chasser édictée en 1960, quelque 330 000 baleines bleues ont été tuées en Antarctique. Il en resterait aujourd’hui 1100 à 1700 dans l’Océan Austral. On peut la rencontrer soit seule, soit en petits de groupes de 3 ou 4 individus. Mais en présence d’une forte concentration de zooplancton, il est possible d’en observer bien davantage.

Le rorqual commun

Il s’agit d’une espèce menacée selon l’IUCN.

Il est un peu plus petit que la baleine bleue, mesurant jusqu’à 27 mètres – chez le spécimen trouvé en Antarctique – pour 35 à 45 tonnes. Le rorqual commun se dresse hors de l’eau pour replonger. Si l’on est chanceux, on peut donc l’apercevoir.
On le reconnaît à l’asymétrie de couleur, rare chez les animaux, que présentent sa tête et son bec : pâle du côté droit et sombre du côté gauche. Cette particularité pourrait être liée à sa technique d’alimentation : le rorqual commun décrit des cercles dans l’eau en camouflant son côté clair lorsqu’il chasse le krill. Mais jusqu’à présent, aucune explication satisfaisante à ce phénomène n’a pu être mise en lumière.

Comme les autres espèces de cétacés, il vocalise. On ne connait pas cependant la véritable raison du chant des baleines.

S’agit-il de maintenir une distance inter-individus ? De s’identifier comme espèce ? De transmettre des informations (alimentation, alerte) ? D’organiser la vie sociale (appels entre mâles et femelles) ? De localiser des caractéristiques topographiques ? Ou de localiser des ressources en nourriture ?

Le rorqual boréal

C’est une espèce elle aussi imposante, d’une quinzaine de mètres. Le rorqual boréal n’affectionne pas les eaux très froides. Il ne s’approche donc pas des côtes antarctiques ni de la banquise. Il se reproduit dans des eaux tempérées ou subtropicales.
En été, il gagne les eaux polaires, où la quantité de nourriture est abondante, pour y reconstituer ses réserves.

C’est le plus rapide des cétacés pouvant atteindre 50km/h, mais il n’effectue pas de bonds hors de l’eau (sauf exception). On aperçoit donc rarement sa queue. C’est un plongeur médiocre qui reste plusieurs minutes en surface avant de s’immerger pour la chasse. Lorsqu’il s’alimente, le rorqual boréal nage de côté à l’instar du rorqual commun, passant toujours d’un côté sur un autre.

Il se nourrit de calmars et de plancton et, éventuellement, de petits poissons. Selon les japonnais, le rorqual boréal entrerait ainsi en compétition avec les pêcheries nipponnes, justifiant alors sa chasse et sa capture. Il s’agit pourtant une espèce menacée d’extinction et figurant sur la liste rouge de l’IUCN.

La baleine de Minke ou petit rorqual

C’est le plus petit de la catégorie des rorquals (8 mètres environ). On l’identifie aisément grâce à son bec étroit et pointu. En outre, la baleine de Minke présente la particularité de répéter plusieurs sauts d’affilée hors de l’eau.
Elle exhibe ainsi une nageoire dorsale pointue et située aux 2/3 de son dos qui permet de l’identifier. Elle a pour habitude singulière d’approcher les bateaux, nageant éventuellement à leurs côtés. On la trouve généralement près des côtes et proche de la banquise.

Ce rorqual au museau pointu est rapide, ce qui lui donne la possibilité de se nourrir de calmars et petits poissons lorsque le krill est rare. On parle de sa frénésie alimentaire car il n’est pas rare dans ces circonstances de l’apercevoir sautant et éclaboussant son environnement.

On le trouve en grand nombre. Il aurait prospéré au détriment des grandes baleines et de leur raréfaction. Les Japonnais le pêchent encore à l’heure actuelle.

La baleine à bosse

Elle ne fait pas partie de la famille des rorquals et ne présente pas la même physionomie longiligne. C’est un animal massif moins long mais pouvant peser jusqu’à 50 tonnes. Elle est facilement identifiable pour le public : de couleur noire ou sombre, sa gorge, le dessous de sa queue et la plupart de ses nageoires sont blancs.
En outre, sa tête porte de nombreux tubercules. Elle doit aussi sa célébrité aux longs chants plaintifs dont elle est capable, surtout en période de reproduction.

La baleine à bosse est curieuse, elle vient souvent tourner autour des bateaux. C’est un animal acrobatique. On la voit souvent répéter de grands sauts hors de l’eau claquant sa queue dans un grand splash ! Elle use de cette technique notamment pour étourdir les petits poissons qu’elle capture ensuite plus facilement.

Ces acrobaties sont également employées lors des parades sexuelles où la compétition entre mâles pour une femelle est intense. Leur saut peut alors atteindre 5 mètres de haut !

Son jet est puissant et éparpillé dans l’air, formant un gros chou-fleur. On pourra en outre identifier le cétacé à sa nageoire dorsale qu’il exhibe à plusieurs reprises avant de plonger. Celle-ci surmonte une bosse charnue qui donne son nom à l’animal.

Comme la majeure partie des cétacés, la baleine à bosse a fait l’objet d’une pêche intensive provoquant la quasi extinction de son espèce. On la trouve aujourd’hui dans les eaux de l’Océan Austral en petits groupes, spécialement près de la Péninsule Antarctique. Elle vient y reconstituer ses réserves de nourriture pour l’année entière, se nourrissant en grande majorité de krill.

La baleine à bec

On sait très peu de cétacé rarement observé. On le trouve autour de la Georgie du Sud ou en Péninsule Antarctique. C’est une baleine munie de petite dents situées à l’extrémité de la mâchoire inférieure. Elle se nourrirait principalement de calmars et poissons de haute mer.
Suivant l’espèce, elle présente un bec et un melon facial plus au moins prononcé : la Bérardie d’Arnoux (présentée parfois comme la baleine à bec géante) dispose d’un bec particulièrement long et proéminent en comparaison de la baleine à bec commune dont le melon est protubérant.

Le grand cachalot

C’est le plus grand cétacé disposant de dents. Il mesure environ 15 mètres et sa physionomie le rend identifiable sans erreur possible : son énorme tête rectangulaire représente le tiers de sa longueur. Elle y concentre une substance liquide particulière, le psermaceti, très convoité par les industries de savon et de cosmétiques. Le grand cachalot fut également rendu célèbre par le livre « Moby Dick » d’Herman Melville.

Son évent, incliné vers l’avant gauche, est unique chez les cétacés. Il émet un jet oblique permettant de reconnaitre l’animal et la direction dans laquelle il se rend.

C’est un plongeur absolument exceptionnel pouvant rester immergé plus d’une heure (110 minutes) et descendre à des profondeurs abyssales de 3000 mètres pour se nourrir.
Il s’alimente principalement de calmars et pieuvres mais aussi de poissons, de requins et parfois de phoques. Sa proie préférée reste le calmar géant – pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres – qu’il chasse en eaux très profondes lors de titanesques combats.

On ne trouve, dans les eaux froides de l’Antarctique, que le grand cachalot mâle, la femelle demeurant à des latitudes tropicales. Sa chasse fut interdite 1982 par la Commission Baleinière Internationale suite à son risque d’extinction.

l'Orque

L’orque appartient à la famille des dauphins. C’est le plus reconnaissable des cétacés grâce à sa couleur noire et blanche et à son grand aileron dorsal pointu. Une orque mesure en moyenne 7 à 9 mètres.

C’est un animal grégaire vivant en groupes de 5 à 20 individus en général. Le groupe structure l’organisation sociale mais également la chasse. Les orques sont des prédateurs de la famille des cétacés à dents.

Elles s’alimentent d’une grande diversité de proies auxquelles elles s’attaquent collectivement : poissons, requins, calmars, oiseaux pélagiques, mammifères marins tels que les phoques, lions de mer, otaries et même d’autres cétacés. Lors de la chasse, l’orque peut user d’une technique particulière, en anglais « spyhopping », consistant à se dresser hors de l’eau par un puissant saut vertical pour repérer visuellement ses proies. Les anglophones la surnomment également « baleine tueuse » (killer whale) mais l’orque ne s’est jamais attaquée à l’homme.

En Antarctique, on aperçoit assez aisément les orques. Elles changent parfois leur course de trajectoire pour s’approcher des bateaux.

Le dauphin

Deux espèces de dauphins évoluent dans les eaux froides de l’Antarctique : le dauphin sablier, trouvé au bord de la banquise, et le dauphin de Commerson, proche des îles Kerguelen, de la Georgie du Sud et des îles Malouines.

Ils sont tous deux noirs et blancs et se distinguent des orques par leur taille beaucoup plus petite. Ils aiment nager et sauter aux côtés des bateaux, ou rouler sous la surface de l’eau.

Les dauphins, cétacés à dents, se nourrissent de calmars, petits poissons et krill.

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