Les manchots en Antartique
Ils sont l’emblème de ces contrées glaciales. On trouve dans l’hémisphère sud 17 espèces de manchot répertoriées. La plupart d’entre elles se reproduisent au nord de la convergence antarctique, c’est-à-dire sous un climat un peu plus clément que celui du continent austral.
Ce sont par définition des oiseaux aquatiques passant la majeure partie de leur temps en eaux froides. Leurs ailes atrophiées leur permettent de littéralement « voler sous l’eau ». Certaines espèces comme le manchot empereur, atteignent des vitesses de pointe de 25 km/h !
Empotés à terre, ils nagent avec une agilité déconcertante une fois dans l’océan. Un simple bond hors de l’eau leur suffit à reprendre de l’air et à échapper à d’éventuels prédateurs comme le léopard des mers. La plupart des espèces peuvent rester immergées 5 à 7 minutes à l’exception du manchot empereur pouvant plonger 18 minutes et descendre jusqu’à une profondeur de 680 mètres !
Leur alimentation se compose essentiellement de calmars, de poissons et de krill. Ce dernier est consommé en quantité telle durant les mois d’été qu’il colore leurs excréments de rose !
Les manchots sont des animaux sociables qui pondent et élèvent leurs petits en colonies. La majeure partie des espèces nidifient à terre principalement sur des galets agrémentés parfois d’os et de fourrures. Seuls l’empereur et le manchot royal diffèrent. Ces derniers se reproduisent en hiver et mettent au monde leurs petits sur un sol couvert de glace. L’oeuf, une fois pondu, est déposé sur les pattes du mâle et recouvert d’un épais repli de peau le conservant au chaud dans un incubateur naturel. Le père couve pendant que la femelle se rend en mer pour s’alimenter.
Lorsque le petit naît, le mâle le nourrit par régurgitations jusqu’au retour de sa mère. C’est ensuite à son tour d’aller se rassasier dans l’océan.
Lorsqu’ils grandissent, les petits manchots sont laissés en « crèche » sous la garde de quelques adultes. Leurs parents peuvent alors se rendre plus aisément en mer en quête de nourriture. Lorsqu’arrive la fin de l’été, les jeunes sont enfin prêts à prendre le large.
Chez les autres espèces de manchots, le temps d’incubation à terre varie généralement de 5 à 14 semaines. Les colonies à la saison de reproduction regorgent alors d’une activité incroyable et offrent un concert de bruits et d’odeurs absolument inoubliable pour le visiteur !!
Le manchot à jugulaire
Son nom provient de la ligne noire tracée sous son menton. De taille moyenne, il mesure 65 à 80 cm et pèse autour de 4 kg. Sa population nombreuse habite principalement les îles Sandwich du Sud sur lesquelles 5 millions de couples sont réunis. On le trouve également sur les îles Shetland du Sud, Orcades du Sud et en Georgie du Sud.
La période de reproduction des manchots à jugulaire s’étend d’octobre à février. Ils nidifient en vastes colonies, souvent proches d’autres populations de manchots papou ou Adélie.
Ils sont bruyants et agressifs, et s’entendent peu avec les autres espèces. Une fois la ponte effectuée, la femelle part en mer se nourrir et laisse l’oeuf au mâle. Puis les deux parents alternent pêche et protection du poussin.
Vingt à trente jours après la naissance, le petit est confié à la « crèche ». À deux mois, il mue et acquiert le plumage adulte qui lui permettra de plonger dans l’eau pour s’alimenter.
Le manchot papou
On le reconnaît à son bec orange fin ainsi qu’à ses yeux surmontés d’une tâche blanche en forme de triangle. Pour le reste, il présente, à l’instar des autres manchots, un ventre blanc et un dos noir. Il mesure entre 50 et 90 cm et pèse entre 4 et 8 kg.
Contrairement aux manchots Adélie et à jugulaire, il nidifie sur des sites sans neige. Il se reproduit généralement en septembre. Comme les autres espèces, il recourt au système de crèche 3 à 4 semaines après la naissance du poussin pour aller se nourrir en mer. Sous l’eau, c’est le plus rapide de tous les manchots. Il peut atteindre 35 km/h en plongée.
Le manchot papou peuple la péninsule antarctique et les îles sub-antarctiques : Sandwich du Sud, Shetland du Sud, Orcades du Sud, Malouines (colonie principale), Kerguelen, Macquarie, Heard et McDonald. On le trouve aussi en Georgie du Sud ainsi que sur les archipels Crozet et Prince-Édouard.
Le manchot Adélie
On l’identifie à son oeil cerclé de blanc. Il mesure 70 à 80 cm et son poids varie de 3 à 7 kg. Il fait partie de la même famille que le manchot papou et le manchot à jugulaire. Ses plumes sont néanmoins plus longues et recouvrent une grande partie de son bec car il vit à de plus froides latitudes.
C’est en effet le seul manchot, avec l’empereur, à vivre sur le continent Antarctique et sa banquise. Les autres espèces habitent les îles subantarctiques et archipels des mers australes. La plus grande colonie peuple l’île de Ross. Quelques individus sont également présents dans les îles Shetland du Sud, Orcades du Sud et Sandwich du Sud.
Le manchot Adélie nidifie en colonie. Il ne vient à terre que pour se reproduire et pondre deux oeufs. Son espérance de vie est estimée entre 10 et 20 ans.
Le gorfou sauteur
Il installe généralement son nid en hauteur, sur des promontoires ou falaises, qu’il rejoint en faisant de petits bonds, ce qui explique son nom de gorfou sauteur.
En comparaison des autres manchots, il est d’une grande agilité à terre. Son caractère est belliqueux. Il est plus petit que les autres manchots, mesurant 45 à 55 cm pour 2 à 4 kg. On le reconnaît surtout aux petites touffes de plumes qu’il porte de chaque côté de sa tête, les aigrettes. Celles-ci, ainsi que ses sourcils, sont jaunes. Son ventre est blanc et son dos noir.
En captivité, le gorfou sauteur vit une trentaine d’années. On le trouve au sud de l’Argentine, en Terre de Feu, dans les îles sub-antarctiques françaises (archipel Crozet, îles Kerguelen, île Saint Paul et Amsterdam), anglaises (îles Malouines, île Tristan Da Cunha et île Gough), australiennes (îles Macquarie, Heard et McDonald) et néo-zélandaises (îles Auckland, Campbell, Antipodes).
La femelle pond deux oeufs de taille nettement différente. Il n’est pas rare que seul le plus gros donne naissance à un poussin. L’incubation dure entre 30 et 35 jours. Le mois suivant l’éclosion, le poussin est confié à une crèche et ses parents partent s’alimenter en mer.
Le manchot de Magellan
C’est peut-être le manchot le moins gracieux de tous. On l’identifie à la rayure noire en forme de fer à cheval qu’il porte sur son ventre blanc. Sa tête est noire entourée d’une bande blanche. Il mesure en moyenne 70 cm et pèse entre 4 et 5 kg.
Les manchots de Magellan font leur nid dans des terriers et pondent deux oeufs que mâle et femelle couvent pendant 40 jours. La période de reproduction s’étale d’octobre à mars.
Après la mue, vers la fin du mois d’avril, les petits manchots savent nager et s’alimenter eux-mêmes. Les colonies migrent alors vers le nord de l’Argentine, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Le manchot royal
On trouve ses principales colonies dans les îles australes Kerguelen et sur l’archipel Crozet. Sa population mondiale compte environ deux millions de couples.
Le manchot royal est grand et élancé : 85 à 95 cm pour 8 à 17 kg. Sa physionomie est semblable à celle du manchot empereur : cou et tête ornée de tâches colorées jaune orangé ainsi qu’une partie du bec. Son ventre est blanc. Il se différencie par son plumage dorsal gris argenté et par son habitat. Le manchot royal habite les îles subantarctiques alors que l’empereur vit sur la glace du continent Antarctique.
Ces sont des animaux grégaires vivant en immenses colonies de plusieurs milliers d’individus. La période de reproduction débute au printemps (novembre à mars) et le petit vient au monde durant l’hiver (entre mai et août). Son duvet est épais et marron. Les parents se relaient pour pêcher et nourrir le poussin.
Le premier mois de sa vie, le petit demeure au chaud sur les pattes de l’adulte pour survivre au froid. Puis ses parents se rendent toujours plus loin en quête de nourriture, pouvant alors laisser le poussin à terre durant 120 jours.
Les manchots royaux ne peuvent donner naissance qu’à deux petits tous les trois ans : 15 à 18 mois sont en effet nécessaires pour élever l’unique poussin. La mue se fait entre le 10ème et 13ème mois, permettant alors au petit de se lancer à l’eau.
Le manchot empereur
C’est le plus grand et le plus majestueux des manchots. Il mesure 1 à 1,3 mètres pour une trentaine de kilos. Sa grâce hypnotise. Son manteau de plumes est d’un noir bleu-gris sur le dos, son ventre blanc, une partie de sa tête et de son cou orange à jaune doré. Il a le bec fin, incurvé, orné d’une tâche orangée.
Son cycle de reproduction s’organise à l’inverse de celui des autres espèces. Lorsque l’hiver arrive, et que les autres manchots migrent vers des climats moins rudes, l’empereur se hisse sur la banquise et entame sa pérégrination en files interminables vers son lieu d’accouplement. Après de voluptueuses parades nuptiales, la femelle pond un oeuf qu’elle confie au mâle et reprend sa lente marche vers l’océan pour se nourrir.
Pendant se temps, le père affronte la nuit polaire et le blizzard glacé, l’oeuf sur ses pattes. Ses quatre couches de plumes et sa graisse lui assure sa survie et en font un exemple unique d’adaptation au froid et au jeûne. Le mâle perdra la moitié de son poids avant le retour de sa compagne qui coïncide avec l’éclosion de l’oeuf. Il peut alors confier le poussin à sa mère et partir à son tour s’alimenter.
Il n’existe que quelques dizaines de colonies de manchots empereur et leur nombre est estimé entre 200 000 et 400 000 couples, bien moins que chez les autres espèces se comptant par millions pour certaines.