XIXe siècle : Le temps des chasseurs de phoques et la découverte de l’Antarctique

À peine trente ans après la découverte de la Georgie du Sud, les chasseurs ont déjà décimé une grande partie des populations de phoques existant autour du continent austral. Leurs bases établies en Nouvelle Zélande ou en Georgie du Sud leur permettent de rayonner sur un large périmètre et promettent de fructueuses captures. Plusieurs navires affrétés pour le commerce de peaux ont sans aucun doute observé les côtes de la Péninsule Antarctique au cours de leurs chasses. Mais leurs découvertes, mettant en jeu d’importants intérêts commerciaux, ont été gardées secrètes.

C’est en 1820 que l’Antarctique est aperçue pour la première fois dans le cadre officiel d’expéditions par plusieurs équipages. Fabien Bellingshausen, de nationalité russe, est le deuxième homme à effectuer une circumnavigation de l’Antarctique au cours de laquelle il aperçoit les côtes du continent austral. Edward Bransfield de la Royal Navy britannique, en route pour les îles Shetland du Sud, entrevoit probablement la côte de Danco au nord de la Péninsule. Enfin Nathaniel Palmer, un jeune capitaine américain, approche cette année-là les côtes de la Péninsule à une distance d’environ 4,8 km (3 miles). Un an plus tard, le 7 février 1821, John Davis, chasseur nord-américain, ne doute pas d’être le premier à fouler le continent sur la baie de Hughes ! Mais il faudra attendre la décennie suivante pour que les géographes et scientifiques concluent officiellement à la découverte du continent austral.

Les années 1900 représentent l’âge d’or pour le commerce de peaux. Il est si fructueux que de nombreux bateaux embarquent dans le but de chasser le phoque. Il poussera James Weddell plus au sud que tous les autres chasseurs sur la mer qui porte aujourd’hui son nom et sur les traces du phoque de Weddell. Alors que Cook franchit le cercle polaire en descendant sous le 66º parallèle, James Weddell va lui beaucoup plus loin jusqu’à atteindre le 75º.

En 1819, William Smith, capitaine du vaisseau britannique marchand le Williams, est déporté par de violents vents vers le sud et découvre sur les côtes des îles Shetland du Sud (toutes proches de la Péninsule Antarctique) d’importantes colonies de phoques. Il s’en suivra une « véritable ruée vers l’or » qui décime en peu d’années les populations existantes. Crédules, les chasseurs ne croient pas à l’extinction animale mais pensent que les phoques ont émigrés vers d’autres destinations. Puis très vite, la raréfaction du commerce de peaux amène les chasseurs à exploiter la graisse d’éléphants de mer. Ceux-ci sont à leur tour menacés d’extinction. On trouve en Antarctique différentes reliques ayant appartenues aux industries de l’époque dont de grandes marmites en fonte (les « trypots ») servant à fondre la graisse.

L’exploration de l’Antarctique et de ses îles périphériques par les chasseurs du XIXe est donc très mal connue. On sait toutefois que de nombreux bateaux ont navigué sur ses eaux. Après la découverte du Williams près de 90 navires se rendirent en Antarctique. De sporadiques inscriptions sur des roches, tombes, épaves ainsi que les récits de carnets de bord constituent les témoignages actuels de cette époque révolue.

Quant aux expéditions scientifiques à cette même période, elles sont très peu nombreuses (trois !) et s’inscrivent plutôt dans une logique de compétition. L’expédition française de Dumont d’Urville (1837-40) effectue une circumnavigation de la Terre et passe deux étés en Antarctique. La seconde année, d’Urville découvre la Terre Adélie qu’il revendique pour la France. Son nom ainsi que celui donné au pingouin Adélie est un hommage à sa femme, Adèle.

La seconde expédition est américaine (1838-42) et découvre lors de son deuxième été en Antarctique la terre de Wilkes, du nom de son capitaine, sur la côte est du continent. (Wilkes Land est nommé sur la carte retraçant l’expédition de Ross).

Quant à la dernière expédition, emmenée par James Clark Ross et partie d’Angleterre en 1839, elle apprend en 40 la découverte faite par d’Urville, premier scientifique à poser le pied en Antarctique, et voit Wilkes s’aventurer dans la zone qu’elle comptait explorer. James Ross met alors le cap vers une autre destination qui lui apportera un grand succès : partant de Tasmanie, ses deux navires, l’HMS Erebus et l’HMS Terror, longent la Terre Victoria au sud du continent Antarctique jusqu’à atteindre le cap Adare pour la première fois. Les conditions extrêmement clémentes leur permettent de poursuivre l’exploration vers l’ouest, entrant dans une baie où ils seront stoppés par une immense barrière de glace. La baie identifiée sera baptisée du nom du lieutenant de Ross sur le Terror « détroit de McMurdo », quant à la mer et à la barrière, elles porteront le nom de Ross. A terre, deux des trois volcans de l’île Ross (baptisée ainsi par l’expédition postérieure de Robert Falcon Scott) sont identifiés : l’un actif, portera le nom de Mont Erebus, l’autre endormi, celui de Mont Terror.

C’est sur cette fameuse barrière de Ross que s’ouvrira l’ère de l’exploration continentale Antarctique, base de nombreuses expéditions à la conquête du pôle sud.

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