Les oiseaux en Antarctique

Au pays des glaces, ce sont les animaux les plus facilement observables. Leur diversité est faible, on ne compte que 43 espèces se reproduisant au sud de la convergence antarctique, mais le nombre des individus de chaque espèce peut s’avérer très élevé : beaucoup d’ornithologues pensent, par exemple, que l’océanite de Wilson, qui se reproduit par millions en Antarctique, est l’oiseau dont la population est la plus nombreuse sur terre.

L'albatros

L’albatros passe la plus grande partie de son temps dans les airs. Il s’amuse des courants porteurs, réalisant de vastes piqués vers la mer, des demi-tours impressionnants au ras des flots pour remonter vers les hauteurs, tout cela sans jamais donner un seul coup d’aile ! C’est un oiseau pélagique, vivant en haute mer, qui ne revient à terre que pour y pondre. On le voit souvent dans le sillage des bateaux prenant avantage des courants d’airs produits par les navires pour se laisser porter. Il parcourt ainsi de très longues distances pouvant voler plus de 1000 km à des vitesses atteignant 90km/h.

C’est un oiseau de grande taille. Son envergure peut atteindre plus de 3,5 mètres chez l’Albatros Hurleur appelé également Grand Albatros, dépassant ainsi celle de tous les autres oiseaux. Il se nourrit surtout de calmars, de petits poissons et de krill. Quant à la vie amoureuse de l’albatros, elle est digne des plus beaux contes de fées : le couple, après plusieurs années de parade nuptiale complexe et spectaculaire, se forme pour la vie. Chaque année, un seul oeuf est pondu à la fin du printemps ou au début de l’été austral. Le jeune albatros, lorsqu’il aura pris son envol, restera les sept premières années de sa vie en mer. Il reviendra ensuite à terre pour y former à son tour un couple.

Le pétrel

C’est un palmipède de petite ou moyenne taille – excepté le pétrel géant antarctique. Son bec, crochu et surplombé d’un petit tube lui permettant de rejeter des projections salines, lui confère un faciès particulier.

Il vit en haute mer tout au long de l’année et ne vient en général à terre que pour y pondre. Il est sociable et certaines espèces forment d’immenses colonies pendant la période de reproduction. Il pond généralement dans un trou, dans une crevasse, mais quelques espèces comme le pétrel géant nidifient sur les galets.

Il s’alimente de plancton, calmars, crustacés, petits poissons qu’il pêche en surface à l’exception toujours du pétrel géant, carnivore, pouvant manger oeufs et petits d’autres espèces. Ce dernier est également un charognard que les baleiniers et chasseurs ont l’habitude d’affubler du qualificatif de « salaud » en raison de sa capacité à vomir une huile malodorante !

Le pétrel-tempête ou océanite tempête

C’est le plus petit des oiseaux marins. Il est frêle, de la taille d’une hirondelle. On le reconnaît à son plumage foncé et sa tâche blanche sur le croupion ou à la ligne claire sous le dessous des ailes. On l’appelle également océanite car il passe la plus grande partie de sa vie au dessus de l’océan. Son nom est évocateur. Il a pour habitude de se rassembler en nombre dans le sillage des navires par gros temps. On dit alors qu’il est annonciateur de tempête ou que son attroupement représente les âmes des marins perdus en mer.

Le pétrel-plongeur

On le trouve uniquement dans l’hémisphère sud. Tout comme les autres oiseaux de sa catégorie, il est de petite taille et son bec est surmonté de tubes naseaux. En revanche, il ne vole pas très bien et ne s’aventure jamais loin des terres. C’est un grand pêcheur : il s’alimente presque exclusivement de petits poissons qu’il attrape sous l’eau. Il chasse dans l’océan en se propulsant grâce à ses petites ailes à l’instar des manchots. Les ornithologues considèrent d’ailleurs que ces derniers descendent probablement d’oiseaux ancestraux aux habitudes de vie similaires à celles du pétrel plongeur.

Le cormoran

En Antarctique, le cormoran est essentiellement bicolore : noir et blanc. On le reconnaît à son corps allongé, son long cou et son bec crochu. Sa physionomie le rend expert en matière de plongée sous-marine. Il peut atteindre 40 mètres de profondeur et rester immerger plus de deux minutes. Mais dans la majeure partie des cas, il ne lui faut pas plus de 30 secondes et un plongeon de 10 mètres pour aller chercher poissons et calmars.

Autre particularité, le cormoran ne dispose pas d’ouvertures nasales extérieures et respire donc par la bouche, donnant ainsi toujours la sensation d’haleter. Oiseau côtier, il a la particularité d’être à l’aise aussi bien en l’air qu’en mer. Il peut donc voler sur de longues distances formant souvent, comme les oies, un V dans les airs. En période de reproduction on le trouve sur le continent austral mais aussi dans l’archipel de Kerguelen, Crozet, sur l’île Macquarie ou en Georgie du Sud.

Le canard à queue pointue

Il n’existe que deux sortes de canards dans la région antarctique. Le canard à queue pointue et la sarcelle à bec jaune. Ils sont très similaires en apparence. On trouve le premier en Georgie du Sud où il se reproduit. Le second, espèce commune en Amérique du Sud, peut être trouvé en petit nombre en Georgie du Sud et sur les îles Malouines.

Le chionis ou bec-en-fourreau

Le chionis blanc, que l’on trouve sur la Péninsule Antarctique et dans les îles sub-antarctiques, a la physionomie d’un pigeon blanc potelé. On le rencontre très souvent sur les côtes et au milieu des colonies de manchots lorsque ceux-ci se reproduisent. Il s’alimente de ce qui lui tombe sous la main et est considéré comme le charognard antarctique par excellence : matières fécales, placentas, régurgitations, petits animaux morts, oeufs, sont à son menu mais aussi poissons et végétaux tels que les algues marines.

Le labbe antarctique (ou skua antarctique)

C’est un féroce prédateur. On en trouve deux espèces en Antarctique. L’un trapu, de couleur marron, est pourvu d’un puissant bec crochu et de fortes serres sur ses pieds palmés. L’autre, plus petit, présente une tête et un corps gris contrastant avec son dos de couleur sombre.

Le labbe est un oiseau pélagique vivant avant tout en haute mer. On le trouve sur les côtes, surtout en période de reproduction. Son nombre important le rend potentiellement dangereux pour les autres espèces et les petits animaux. Il vole les oeufs des nids et tue les petits. Les bébés manchots eux-mêmes constituent une proie alléchante pour le labbe et sont constamment surveillés par leurs parents durant leurs premières semaines de vie. Il chasse et harasse les oiseaux qu’il repère saisis d’une proie jusqu’à ce que ceux-ci la lâchent de désespération ! Il peut également tuer d’autres oiseaux comme le petit pétrel et ses oisillons, et s’attaquer au manchot adulte blessé.

Le labbe pond à terre mais ne nidifie pas en colonie. On peut rencontrer cependant quelques couples établis non loin les uns des autres en période de reproduction. Ils protègent leurs oeufs et leurs petits avec agressivité et férocité. Gare alors au visiteur peu scrupuleux qui dérangerait son intimité !

Le goéland dominicain (famille des laridae)

Il appartient à la famille plus communément dénommée des mouettes. C’est un oiseau côtier. Il peut néanmoins couvrir de longues distances en mer pour migrer durant les mois d’hiver. Ses pieds sont palmés et c’est un très bon nageur en surface.

Comme le labbe, c’est un oiseau prédateur, beaucoup moins féroce cependant. C’est un opportuniste qui tirera avantage de toute situation se présentant à lui : il s’alimente d’une variété impressionnante de choses qu’il trouve sur le sol ou à la surface de l’eau. Il est aujourd’hui beaucoup plus nombreux que par le passé, très probablement en raison de la prolifération d’une nouvelle source d’alimentation : les ordures comestibles des bateaux.

La sterne

Les sternes présentes dans la région antarctique sont semblables aux mouettes. De fait, divers experts considèrent les deux groupes comme appartenant à la même famille. Elles se différencient cependant par leur vol – la sterne volant plus bas et de manière plus rectiligne alors que la mouette s’amuse du vent et des courants ascendants et descendants. La capacité des sternes à planer dans les airs leur permet de repérer les petits poissons dont elles se nourrissent et qu’elles capturent éventuellement d’un petit plongeon.

Ce sont principalement des oiseaux côtiers mais ils peuvent migrer sur de très longues distances chaque année. La sterne arctique est sans doute l’oiseau marin effectuant la plus longue migration annuelle. Elle couvre jusqu’à 35 500 km gagnant de l’Arctique, l’Antarctique, pour y revenir ensuite se reproduire !

La sterne antarctique reste quant à elle toute l’année dans l’hémisphère sud. Elle nidifie sur les côtes, au milieu des galets où la similitude de son plumage avec l’environnement lui permet de passer inaperçue. Une fois à terre, le visiteur, s’il est intimidé par des plongeons et piaillements d’oiseaux, devra prendre garde de ne pas écraser les oeufs et oisillons probablement à proximité.

Le pipit antarctique

On le trouve en Georgie du Sud. Le profane prendra cet oiseau frêle pour un moineau mais c’est un oiseau chanteur natif de la région antarctique. Pour échapper aux rats importés par l’homme, il se reproduit sur une petite île proche des côtes de Georgie du Sud. Au milieu du tussock et de la végétation, il est très difficile à repérer.

Préparez votre prochain voyage en Antarctique !